III

Elle découvrit de quoi elle était capable, avec sa beauté d’enfant amplifiée par ses cicatrices.

À l’âge de neuf ans, elle possédait une masse de cheveux bouclés qu’elle portait longs, à mi-chemin de sa taille, et qu’elle lavait une fois par mois. Ses cheveux d’argent avaient le lustre gris de la graisse. Dans un camp de soldats, nul ne pouvait en remarquer l’odeur. Elle ne laissait jamais paraître ses oreilles. Elle apprit à s’habiller perpétuellement en haut-de-chausses et justaucorps retaillés, souvent avec une cotte d’adulte par-dessus. Quelque chose dans ces vêtements trop grands lui donnait encore plus l’air d’une petite fille.

Un des artilleurs lui donnait toujours à manger ou des pièces de cuivre. Il la penchait en avant sur un affût de canon cerclé de fer, déliait les aiguillettes de son haut-de-chausses et la prenait par-derrière.

« T’as pas besoin de prendre tant de précautions, se plaignait Cendres. J’aurai pas d’enfants. Je n’ai pas encore mes fleurs – de sang.

— T’as pas encore de queue, répliquait l’artilleur. Tant que j’aurai pas trouvé un joli garçon, faudra que tu fasses l’affaire. »

Un jour, il lui donna une bande de maille dépareillée. Elle quémanda du fil auprès d’un des fourriers de la compagnie, et un bout de cuir au tanneur, et elle cousit dessus les maillons en métal riveté. Elle lui donna la forme d’un gorgerin de maille ou d’une collerette, qu’elle attachait pour se protéger la gorge. Elle la portait à chaque escarmouche, chaque razzia sur le bétail, chaque embuscade contre les bandits où elle apprit son métier – qui, comme elle l’avait toujours su, était la guerre.

Elle priait pour la guerre de la même façon que d’autres fillettes de son âge, dans les couvents, priaient pour être l’épouse élue du Christ Vert.

Guillaume Arnisout était un artilleur de la compagnie de mercenaires. Il ne la toucha jamais. Il lui apprit à écrire son nom en alphabet vert : une encoche verticale, avec cinq entailles horizontales (« le même nombre que tes doigts ») qui dépassaient du côté droit (« le côté de ta main qui tient l’épée »). Il ne lui apprit pas à lire, parce qu’il ne savait pas. Il lui apprit à compter. Cendres se disait : Tous les artilleurs sont capables de calculer à un grain de poudre près, mais c’était avant qu’elle ne comprenne les artilleurs.

Guillaume lui montra le frêne et lui apprit à fabriquer des arcs de chasse de son bois (« une hampe plus large qu’avec un arc en bois d’if »).

Guillaume l’amena visiter l’abattoir, après le siège de Dinant en août, avant que la compagnie ne traverse une nouvelle fois la mer.

Le soleil de printemps scintillait sur les fleurs d’aubépine qui bordaient les pâtures. Un vent frisquet soufflait encore. Le bruit et l’odeur du campement de la compagnie étaient emportés par le vent.

Cendres allait au village à cheval sur la vache, assise en amazone sur l’échine osseuse et pointue. Guillaume marchait à côté du ruminant, sur le chemin creusé d’ornières. Elle baissa les yeux pour le regarder avancer dans la poussière. Il tenait un bâton sculpté dans un bois noir secret, s’en servant à chaque pas pour se soutenir. Cendres savait qu’elle n’était pas née quand une hache d’assaut lui avait fracassé le genou au cours d’une bataille rangée, et qu’il s’était reconverti dans les canons de siège.

« Guillaume…

— Grmm.

— J’aurais pu l’amener toute seule. T’étais pas obligé de venir.

— Grrmm. »

Elle regarda devant elle. Le double clocher de l’église dépassait maintenant au-dessus des arbres. De la fumée bleue montait. Ils arrivèrent en lisière de l’espace dégagé entourant la palissade du village, et le vent changea. L’odeur de l’abattoir était lourde et étouffante.

« Sangdieu ! » sacra Cendres. Une main rugueuse gifla son jarret maigre. Épaules voûtées, elle baissa les yeux vers Guillaume, et laissa l’eau perler à sa paupière inférieure.

« Bon, là-bas, indiqua Guillaume, c’est là que nous allons. Descends de ce vieux sac d’os et conduis-la, pour l’amour du Christ ! »

Cendres lança les talons et sauta en l’air. Elle atterrit dans les ornières poudreuses de la route, s’inclinant brièvement pour se retenir d’une main, et elle se redressa d’un bond. Elle gambada avec exubérance autour de la vache placide, à cloche-pied, puis revint en courant vers l’homme de haute taille.

« Guillaume. » Elle lui prit le bras, l’attrapant par la manche brun rouille de son justaucorps. Il n’y avait pas d’étoffe sous la manchette : l’artilleur ne possédait pour l’heure pas plus de chemise que Cendres. « Guillaume, c’est les garçons que tu préfères ?

— Ha ! » Il baissa vers elle ses yeux sombres. Des cheveux noirs et raides pendaient jusqu’à ses épaules, sauf au sommet de la tête, où il se dégarnissait. Il avait coutume de se raser de temps en temps avec son poignard, en général le jour où il se souvenait de faire aiguiser la lame, mais il avait les joues brunes comme du cuir, qui laissait rarement paraître une nouvelle entaille.

« Si j’aime les garçons, ma petite damoiselle ? Tu serais pas en train de me demander pourquoi t’arrives pas à m’embobiner autour de ton petit doigt, comme les autres ? Faudrait donc que je préfère les petits garçons aux petites filles, pour que ça reste le cas ?

— La plupart font ce que je veux, quand je fais semblant. »

Il lui tira ses longs cheveux d’un blanc d’argent. « Mais je t’aime bien comme tu es. »

Cendres ramena ses cheveux sur ses oreilles en pointe. Elle flanqua des coups de pied dans le capitule oscillant des herbes folles qui poussaient au bord de la route du village.

« Je suis belle. Je ne suis pas encore femme, mais je suis belle. J’ai du sang d’elfe en moi, regarde mes cheveux. Regarde mes cheveux, tu t’en fiches, toi… » Elle se chantonna ces mots quelques minutes, puis leva la tête avec des yeux qu’elle savait grands, largement écartés. « Guil-lau-me-euh !… »

L’artilleur s’avança, en l’ignorant, pour planter son bâton avec une grande fermeté dans la poussière, puis le brandir afin de saluer les deux gardes à la porte du village. Ils avaient des bâtons à bouts ferrés, nota Cendres, et d’épaisses cottes de cuir, en guise d’armure.

Elle saisit la longe qui pendait au cou de la vache. La bête était tarie depuis six mois. Elle demeurait stérile, désormais, en dépit de tous les taureaux de ville auxquels la conduisaient les mercenaires au cours de leurs périples à travers la région. L’animal donnerait une viande filandreuse, mais un bon cuir de chaussures. Cendres claqua de ses pieds nus contre le sol. Ou un bon cuir pour un ceinturon.

Avec l’odeur de la route poussiéreuse couverte par les relents de la rue du village, elle se demanda : est-ce encore un endroit où ils crient des obscénités en voyant des cicatrices, et font le signe des Cornes ?

« Cendres ! »

La vache divaguait vers un côté du sentier et mâchonnait sans enthousiasme un peu d’herbe. Cendres ancra ses talons nus sur le sentier et tira. La vache leva la tête. Elle aspira de l’air bruyamment et meugla. D’épais filets de bave dégoulinaient de ses mâchoires. Cendres la mena vers la porte du village et les maisons de clayonnages et de torchis, à la suite de Guillaume.

Cendres possédait une arme, désormais. Elle la tripota, en défiant du regard les types à la porte. À l’origine, une miséricorde de cinquante centimètres ayant appartenu à on ne savait qui ; elle servait donc plutôt à Cendres d’épée courte. À neuf ans, elle était menue, on lui en aurait donné sept. L’arme était quand même munie de son propre fourreau et d’une boucle pour la pendre à la ceinture. Cendres l’avait gagnée. Voler de la nourriture, soit, mais pas question de voler des armes. Les autres mercenaires – elle pensait à eux et à elle en ces termes, ces derniers temps – considéraient cela comme une excentricité intéressante, et en profitaient.

Comme on était peu de temps après l’aube, peu de villageois passaient dans la rue. Cendres regretta qu’il n’y ait personne pour la voir.

« Ils me laissent entrer armée dans le village, se rengorgea-t-elle. Je n’ai pas dû céder ma miséricorde !

— Tu figures au registre comme membre de la compagnie. » Guillaume portait lui-même son fauchon à la ceinture, un véritable couperet à viande avec un seul tranchant capable de fendre un cheveu en deux. De la même façon que Cendres portait habituellement des justaucorps trop larges et jouait à la petite mascotte du camp, elle soupçonnait fortement Guillaume d’exploiter l’image stéréotypée que les paysans sans malice se faisaient des mercenaires : une tenue crasseuse et des armes impeccables. Il observait assurément l’autre conduite à laquelle s’attendaient les bouseux : il trichait aux cartes, mais mal. Même Cendres le voyait faire.

Cendres marchait avec ses maigres épaules en arrière et la tête levée. Elle fit baisser les yeux à deux badauds debout sous le buisson suspendu pour indiquer qu’une des cabanes servait de taverne.

« Sans cette bête stérile pourrie de Dieu, glapit-elle en s’adressant à l’artilleur qui marchait devant elle, j’aurais l’air d’un vrai soldat sous contrat ! »

Guillaume Arnisout éclata brièvement de rire. Il poursuivit sa route, sans un regard en arrière.

Elle tirailla la vache indolente jusqu’aux portes de l’abattoir, avant que la bête ait une pleine ventrée de l’odeur. La puanteur des excréments et du sang était assez forte pour devenir palpable. Les yeux de Cendres ruisselèrent. Elle avait quelque chose de coincé au fond de sa gorge. Elle tendit la bride de la bête à un équarrisseur à la porte, en toussant.

Une voix beugla : « Cendres ! Par ici ! »

Cendres se retourna. Une masse chaude et lourde la frappa au visage et à la poitrine.

La surprise la fit hoqueter, aspirer une goulée d’air. Aussitôt, elle s’étrangla sur un liquide chaud. Un bloc solide de matières lui glissa des épaules, le long de la poitrine. Elle frictionna du talon de ses mains ses yeux brûlants. Elle toussa, s’étrangla à nouveau, se mit à pleurer. Les larmes lui éclaircirent les yeux.

Du sang détrempait le devant de son justaucorps et de son haut-de-chausses. Du sang chaud, fumant. Du sang collait ses mèches en filaments écarlates, laissant dégouliner de grosses gouttes dans la poussière. Du sang lui couvrait les mains. Une substance jaune emplissait les plis de ses vêtements. Elle leva la main et cueillit un amas de matières sur le col de son justaucorps : un morceau de viande constellé de caillots de sang, de la taille de son poing menu.

La masse solide glissa et s’écrasa sur ses pieds nus. C’était chaud. Tiède. Ça refroidissait rapidement. C’était froid. Des tubes roses et des tubes rouges se répandirent à terre. Elle dégagea son pied de sous une masse réniforme quelle n’aurait pas réussi à tenir à deux mains.

Cendres cessa de pleurer.

Elle fit quelque chose. Ce n’était pas nouveau, ou elle n’aurait pas su comment faire maintenant. C’aurait pu être un geste qu’elle avait accompli juste avant ou juste après qu’elle avait décoché à bout portant le carreau d’arbalète contre son violeur, et que le corps de l’homme avait explosé devant elle.

Elle s’essuya le revers de la main sur le menton. Le sang tirait sa peau en séchant. Elle se débarrassa de ce qui lui serrait la gorge et des larmes qui lui piquaient les yeux.

Elle regarda Guillaume et l’équarrisseur, qui portait à présent des seaux de bois vides.

« C’était une idiotie, s’emporta-t-elle. Le sang, c’est impur !

— Viens par ici. » Guillaume indiqua du doigt un endroit devant lui.

L’artilleur se tenait devant un tréteau d’écorchage. Des bois aussi robustes que ceux qui constituaient une machine de siège soutenaient une chaîne passée sur une poulie. Des crochets pendaient de la chaîne, au-dessus d’une rigole creusée dans le sol. Cendres dégagea ses pieds des tripes de verrat et s’approcha de Guillaume. Elle avait les vêtements qui lui collaient à la peau. Son nez commençait à ne plus discerner les remugles de l’abattoir.

« Tire ton épée », lui dit-il.

Elle ne portait pas de gants. La poignée de son arme était liée de cuir, et glissait dans sa paume.

« Coupe », lui dit calmement Guillaume en indiquant du doigt la vache à présent suspendue à côté de lui, la tête en bas, toujours en vie, ligotée par ses sabots. « Ouvre-lui la panse. »

Cendres n’était jamais entrée dans une église, mais elle en savait assez pour faire la grimace.

« Vas-y », dit-il.

La longue miséricorde de Cendres était lourde dans sa main. Le poids du métal tirait sur son poignet.

Les yeux de la vache, avec leurs longs cils, roulèrent. Elle gémissait, affolée. Son agitation n’avait d’autre résultat que de la faire osciller d’un bord sur l’autre au bout du crochet. Un flot de bouse ruissela le long de ses flancs tièdes et haletants.

« Je ne peux pas, protesta Cendres. J’en suis capable. Je sais comment on fait. Mais je ne peux pas. C’est pas comme si elle allait me faire du mal !

— Vas-y ! »

Cendres balança la lame avec maladresse et la poussa en avant. Elle appuya de tout son poids sur la pointe comme on le lui avait appris, et le métal tranchant perça la peau brun et blanc de la vache. Le ruminant ouvrit son mufle et hurla.

Le sang gicla. La sueur fit déraper la poignée de la miséricorde dans la paume de Cendres. L’arme se dégagea de la blessure superficielle. La petite fille leva les yeux vers cette bête qui faisait huit fois sa taille. Elle empoigna son arme à deux mains et fendit vers l’avant. Le tranchant érafla le flanc de la vache.

« Tu serais déjà morte », grinça Guillaume.

Des larmes commencèrent à sourdre des yeux de Cendres. Elle s’approcha de ce corps chaud qui respirait. Elle leva au-dessus de sa tête le grand poignard et l’abattit vers le bas à deux mains.

La pointe de la lame troua la peau coriace et la fine paroi musculaire pour pénétrer dans la cavité abdominale. Cendres força et tira la lame vers le bas. Elle avait l’impression de taillader du tissu. Des à-coups, des arrêts. Un amas de cylindres roses croula autour d’elle dans cette cour au petit matin et fuma dans le froid des premières heures. Cendres s’acharna à cisailler vers le bas. La lame entra dans l’os et s’y coinça. Une côte. Cendres souleva. Tira. La chair de la vache se referma sur la lame avec une succion.

« Tourne. Mets-y le pied, s’il le faut ! » lui conseilla la voix de Guillaume par-dessus sa propre respiration rauque et pénible.

Cendres appuya le genou contre l’encolure trempée du ruminant, le repoussant contre le cadre de bois avec son faible poids. Elle tordit fermement les poignets vers la droite, et la lame tourna, déjouant le vide qui la retenait dans la blessure, et se libérant de l’os. Les hurlements de la vache couvraient tous les autres bruits.

« Hhaaaaah ! » Ses deux mains sur la poignée de l’arme, Cendres fit courir la lame contre la peau tendue de la gorge de l’animal. L’os de la côte avait dû ébrécher le fil. Elle sentit le défaut de l’acier crocher dans la chair. Une large plaie s’ouvrit. L’espace d’une fraction de seconde, la blessure offrit une vue en coupe de la peau, de la gaine musculaire, des muscles et de la paroi artérielle. Puis le sang affleura, gicla et frappa Cendres en pleine figure. Brûlant. Elle a le sang chaud, pensa-t-elle, et elle gloussa.

« Et maintenant, pleure ! » Guillaume la fit pivoter sur elle-même et lui gifla le visage. Le coup aurait fait mal à un autre adulte.

Stupéfaite, Cendres éclata bruyamment en sanglots. Elle resta plantée là une minute, peut-être, à pleurer. Puis elle pleurnicha : « J’suis pas assez vieille pour me battre dans l’infanterie !

— Pas cette année.

— J’suis trop petite !

— Et voilà : des larmes de crocodile, soupira Guillaume. Je te remercie, ajouta-t-il avec gravité. À présent, tue-moi ce bestiau. » Et quand elle regarda, il tendait une pièce de cuivre à l’équarrisseur. « Allez, viens, ma petite damoiselle. Retour au camp.

— Mon épée est sale », dit-elle. Soudain, elle replia ses jambes et s’assit par terre, dans le sang et la bouse de l’animal, et elle hurla. Elle toussa, s’évertuant à retrouver son souffle. De grands sanglots brutaux lui secouaient la poitrine. Ses cheveux rougis pendaient et striaient ses joues balafrées trempées. La morve lui dégoulinait des narines.

« Ah. » La main de Guillaume l’attrapa par le collet de son justaucorps et la souleva dans les airs, pour la laisser retomber sur ses pieds nus. Sans douceur. « C’est mieux. Ça suffit. Là-bas. »

Il indiqua du doigt un abreuvoir de l’autre côté de la cour.

Cendres tira sur les lacets de son vêtement pour les défaire. Elle ôta d’un même mouvement son justaucorps et son haut-de-chausses, sans se donner la peine de dénouer les aiguillettes qui les attachaient ensemble à la taille. Elle plongea dans l’eau froide la laine imbibée de sang, et s’en servit pour se laver. Le soleil du petit matin chauffait contre sa peau nue glacée. Guillaume, debout, bras croisés, l’observait.

Pendant toute l’opération, elle garda le pied sur le baudrier qu’elle avait retiré, et tint à l’œil les hommes de l’abattoir.

En dernier, elle nettoya sa lame, la sécha et quémanda de la graisse pour lubrifier le métal afin qu’il ne rouille pas. Ses vêtements, désormais, n’étaient plus qu’humides, à défaut d’être secs. Ses cheveux pendaient en mèches comme des queues de rat, mouillées et blanches.

« Retour au camp », annonça l’artilleur.

Cendres passa la porte du village aux côtés de Guillaume. L’idée de demander à être recueillie par une des familles du village ne l’effleura même pas.

Guillaume baissa vers elle des yeux brillants, injectés de sang. De la crasse était logée dans les rides de sa peau, clairement visible sous le soleil qui montait. Il lui dit : « Si tu as trouvé ça facile, dis-toi bien ceci : c’était un animal, pas un homme. Elle n’avait pas de voix pour te menacer. Elle n’avait pas de voix pour implorer ta pitié. Et elle n’essayait pas de te tuer, toi.

— Je sais, répliqua Cendres. J’ai tué un homme qui avait essayé. »

Quand elle eut dix ans, elle faillit mourir, mais pas sur le champ de bataille.